31/12/10 : Visite du moulin de La Chapelle
[ Article Charente Libre du 31/12/10 ]
Le moulin est au courant
À La Chapelle, un couple reprend un moulin pour en faire une unité de production hydroélectrique Un projet soutenu par l’Europe, la Région et le Département.

«Ce qu’on veut en faire ? En vivre, assurer deux salaires et surtout, notre retraite.» Dominique Seguineau et élisabeth Paponnet sont clairs. S’ils construisent une usine hydroélectrique dans le moulin de La Chapelle, c’est pour assurer leur avenir. Le couple, qui a créé une société à cet effet – Sarl Spee, pour Société de production d’énergie écologique – entend redonner au vieux moulin une nouvelle vie. «C’est une bâtisse qui remonterait au XIIe siècle et qui a été reconstruite en 1760, décrit Dominique Seguineau. C’était apparemment un moulin à huile jusqu’à ce qu’il soit électrifié, vers 1905-1910. Il a été tenu durant trois générations par la famille Favre qui produisait de l’électricité pour la vendre en direct au départ, puis après les nationalisations de 1946, à EDF.»
Le moulin a été vendu en 2008 au couple Seguineau-Paponnet qui entend aujourd’hui «doper» cette production électrique (1). «Les cinq turbines actuelles produisent autour de 100 kW/heure, note Dominique Seguineau. On va supprimer trois turbines pour les remplacer par deux turbines de nouvelle génération avec lesquelles, au total, on pourra monter jusqu’à 400 kW/heure.»
Des turbines acheminées par hélicoptère
La Spee a décroché l’ensemble des feux verts administratifs – dont le droit d’eau, qui autorise ce type d’activité – et passe aujourd’hui à la phase active, c’est-à-dire l’aménagement et l’équipement du moulin sous lequel coule la Charente. «Un sacré challenge quand on sait que cette activité qu’on peut qualifier d’industrielle se situera en pleine zone Natura 2000, avec les contraintes que cela implique.»
Challenge aussi que de faire venir jusqu’au moulin les deux nouvelles turbines – allemandes ou hollandaises, le choix final n’est pas encore arrêté -, les rues très étroites et à angle droit de La Chapelle ne laissant guère le passage. «On pense à l’hélicoptère», indique sans rire Dominique Seguineau.
À 9 centimes le kilowatt/heure produit et payé par EDF, le couple estime que le jeu en vaut la chandelle. Même s’il est loin des 50-55 centimes réglés par EDF aux producteurs d’électricité qui ont opté pour l’éolien ou le photovoltaïque.
La condition pour que ce projet déjà bien avancé réussisse réside dans le soutien des organismes bancaires. Et là, la partie n’est jamais très simple. Le parcours relève de celui du combattant et pour l’heure, pour ce projet qui atteint plusieurs centaines de milliers d’euros (2), rien n’est définitivement acquis. «On y croit, lancent en choeur Dominique Seguineau et Elisabeth Paponnet, sinon on ne serait pas là.»
(1) Le couple est en passe de faire l’acquisition du moulin de la Tourette à Villognon, le moulin des anciennes papeteries. Où il compte également mettre en route une installation de production hydroélectrique.
(2) Le Département a participé à hauteur de 11.000 € pour les études et la Région a accompagné les fonds européens Feder à hauteur de 165.000 €.