Disparition de l’Agence bio enverrait un signal de désengagement de l’Etat qui serait catastrophique – Tribune dans Le Monde

Vous trouverez ci-dessous la tribune que j’ai signée avec plus de 1400 personnalités.
Parce que supprimer l’Agence bio, c’est renier les engagements de la France pour la qualité de l’eau, pour la santé des Françaises et des Français, et pour le respect de l’environnement et du vivant, soulignent, dans une tribune au « Monde », plus 1 400 personnalités, parmi lesquelles des entrepreneurs et agriculteurs bio, comme Christophe Barnouin, des élus, comme Olivier Faure et Marine Tondelier, et des chefs étoilés, comme Olivier Roellinger.
Créée en 2001, l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, dite « Agence bio », joue depuis plus de vingt ans un rôle essentiel dans l’essor des filières biologiques françaises et dans la promotion du label bio auprès du grand public.
Créée sous une forme originale (un groupement d’intérêt public), elle regroupe les professionnels du secteur et les pouvoirs publics pour mener une action d’observation, de promotion et de développement au plus proche des besoins du terrain. Avec vingt-trois emploiséquivalent temps plein, elle représente et accompagne aujourd’hui 61 000 fermes, 215 000 emplois, 28 000 entreprises, et plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires au niveau de la consommation (ménages et restauration hors domicile).
Aujourd’hui, l’Agence bio est menacée de disparition ! Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances, le 17 janvier, un amendement soutenu par le sénateur (Les Républicains) de la Haute-Loire Laurent Duplomb actant sa suppression a été adopté. Il a bénéficié d’un « avis de sagesse » du gouvernement. La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a jugé l’amendement « pertinent ».
Nous, organisations économiques de la filière bio, agriculteurs et agricultrices, groupements de producteurs, transformateurs, distributeurs spécialisés, restauratrices et restaurateurs, représentantes et représentants de la société civile, parlementaires, élues et élus des collectivités, personnalités, acteurs et actrices de la santé, professionnels de l’eau, chercheurs et chercheuses, réaffirmons la nécessité de maintenir et de renforcer l’Agence bio en tant qu’entité autonome, dotée des moyens nécessaires à ses missions.
Aucune évaluation sérieuse
Grâce à sa gouvernance partenariale, l’Agence bio a démontré sa capacité à fédérer les parties prenantes au service du développement de la filière bio. En pilotant les missions d’analyse, de financement et de promotion de l’agriculture biologique, elle joue un rôle indispensable de guichet unique, gage d’expertise et d’efficacité pour tout le maillage économique fondé sur l’agriculture biologique.
Cette efficacité a été reconnue par l’Etat quand le gouvernement a renouvelé, en 2024, le contrat d’objectif et de performance de l’Agence bio pour cinq ans. La Cour des comptes ne s’y est pas trompée en appelant, dans son rapport de 2022, non pas à supprimer l’Agence bio, mais, bien au contraire, à la renforcer.
Cette conclusion de la juridiction chargée de veiller à la bonne utilisation des deniers publics démontre que l’hypothèse d’un démantèlement de l’Agence bio n’est fondée sur aucune évaluation sérieuse, et ne vise qu’à rechercher des économies de bouts de chandelle. Cette décision coûterait finalement bien plus cher à la collectivité !
Les chiffres du Fonds avenir bio démontrent, eux aussi, l’utilité et la valeur ajoutée de l’Agence bio : 1 euro d’aide allouée par l’Agence bio dans le cadre de ce fonds permet aux entreprises et aux coopératives bio de lever en moyenne 4 euros pour financer des projets d’investissement et de développement.
Pilotage et suivi de la production
L’Agence bio est ainsi un acteur-clé pour le développement de l’agriculture biologique. Alors que, depuis deux ans, la filière bio traverse une crise sévère, elle a contribué à redynamiser le marché à travers ses campagnes de communication, dont l’impact est confirmé par la stabilisation de la consommation des produits bio depuis le deuxième trimestre 2024. Les acteurs des filières bio ont plus que jamais besoin d’outils de pilotage et de suivi de la production. C’est, là encore, l’Agence bio qui leur donne accès à ces chiffres grâce aux études qu’elle publie régulièrement.
La disparition de l’Agence bio enverrait un signal de désengagement de l’Etat qui serait à la fois catastrophique pour les acteurs de notre secteur économique et contradictoire avec l’ambition affichée par la France en matière de développement de l’agriculture bio.
Quelques semaines avant le Salon de l’agriculture, le vote par le Sénat de l’amendement visant à supprimer l’Agence Bbio est en opposition frontale avec les objectifs de développement rappelés par le ministre de l’agriculture il y a tout juste un an dans le programme Ambition bio 2027 : 18 % de nos terres en bio en 2027 et 20 % de produits bio dans nos cantines.
Démanteler l’Agence bio, c’est faire une croix sur ces deux objectifs. C’est pourquoi, au nom des acteurs économiques des filières biologiques, de tous les acteurs de la société civile et des élus et personnalités attachés au développement de ces filières, nous appelons les parlementaires à corriger cette aberration, pour l’avenir de l’agriculture française, pour la qualité de l’eau, pour la santé des Françaises et des Français, pour le respect de l’environnement et du vivant.