St Amant de Boixe : l’Abbaye pour muse
[ Article Sud Ouest du 15/07/11 ]
L’Abbaye pour muse
Habitué du festival, Jean-François Alcoléa a créé un spectacle vivant in situ.

Dans le transept de l’abbaye millénaire, le décor est minimal. Un long drap blanc et un cerceau chutent du dôme vers deux estrades, de part et d’autre de l’emplacement de l’autel, ôté pour la circonstance.
Ce soir, c’est Pasoa, la compagnie poitevine de Jean-François Alcoléa, qui réveillera la belle endormie de Saint-Amant-de-Boixe. Une Nuit romane que ce pianiste et compositeur, habitué du festival picto-charentais, savoure déjà. « C’est une chance de pouvoir disposer d’une Nuit dans sa globalité ! » Sa voix feutrée flotte sous les voûtes arrondies.
Spectacle vivant
À quelques heures de « sa » Nuit, Jean-François Alcoléa a passé une longue journée. Calage de la vidéo et de la lumière, répétition avec Julia Diehl, acrobate aérienne, avant l’échauffement des musiciens dont il fait partie.
Son spectacle, lui aussi, se veut complet. Et surtout, éviter de le qualifier de « son et lumière ». « Ce terme est tellement figé… Je préfère « spectacle vivant ». » Pianiste de formation, cet ancien sociétaire du Conservatoire de Poitiers se passionne tout autant pour la scénographie.
Un temps dans le cloître, un temps en extérieur, deux ambiances : « Je voulais avoir une approche globale de l’espace », explique Jean-François Alcoléa. Pour lui, le lieu de performance a toute son importance dans le processus de création : « Je crée beaucoup à partir des sites ou autour d’un thème. » L’art contemporain a un terme pour qualifier une telle démarche : « in situ ».
Le thème du végétal
Lorsqu’il a été invité à animer cette Nuit romane, il y a quelques mois, le premier réflexe du musicien a été celui de l’historien, il s’est penché sur les archives de l’abbaye. À l’origine il y avait saint Amant, un ermite qui a peut-être vécu au VIe siècle dans la forêt de Boixe. « J’ai donc choisi le thème du végétal et de la forêt ».
Cette démarche mêlant art et histoire est typique des performances de Pasoa. La compagnie a déjà travaillé autour de la mémoire ouvrière et de l’ethnologie. « L’histoire, ce n’est pas que dans les livres. Elle se vit aussi, s’exclame le compositeur. C’est également une certaine manière de rendre hommage à des hommes et à des lieux. » […] Article Sud Ouest