Le ferroviaire : Le grand absent des plans de relance

Tribune libre de Nicole Bonnefoy
Après plus de 2 mois de confinement, les pertes de recettes pour la SNCF sont considérables, et atteignent déjà 4 milliards d’euros. Malgré la reprise progressive du trafic dans les règles sanitaires, le train et les transports publics collectifs continuent de subir des pertes. Les ressources de la SNCF sont aussi considérablement réduites et plusieurs d’entre elles risquent de se tarir avec l’ouverture à la concurrence et la fin de certaines taxes. D’ici à la fin de l’année, les pertes pour la SNCF pourraient s’établir à près de 6 milliards d’euros…
Le déficit et la dette de la SNCF ne peuvent donc que s’aggraver, compromettant sa stratégie d’investissement au long cours.
Régénérer et moderniser le réseau
Pour nous, le rail générateur d’externalités positives (en termes de réduction d’émission de gaz à effet de serre, de désengorgement routier, de sécurité…) doit être un des éléments centraux d’un plan de relance car les chantiers à venir sont énormes.
Le gouvernement s’était engagé à investir 3 milliards d’euros par an sur le réseau qui, faute d’entretien suffisant, s’est particulièrement dégradé. Cette rénovation est essentielle pour garantir la sécurité de notre réseau et ne pas sacrifier les petites lignes essentielles pour nos territoires. La modernisation du réseau (nouvelle signalisation européenne, système européen de gestion du trafic…) ne peut, elle non plus être repoussée.
Sans aides de l’État, ces missions d’intérêt général sont compromises. C’était tout le sens de notre proposition de création d’un fonds de soutien d’un milliard d’euros à SNCF Réseau dans le dernier budget rectificatif. Le gouvernement y était resté sourd.
Préparer à l’ouverture à la concurrence
Les orientations prises ces dernières années tendant à segmenter le réseau et à coller fortement aux dogmes de la loi du marché sur chaque ligne, auront pour conséquence de pousser les acteurs à se concentrer davantage sur les sillons les plus rentables, mettant à mal toute logique de péréquation.
Sans aides de l’État, la SNCF, trop affaiblie, ne pourra affronter à armes égales la concurrence de sociétés étrangères, dont certaines pourraient avoir bénéficié d’aides de leur État.
Développer le fret ferroviaire : un impératif économique et écologique
Pendant la durée du confinement, le fret ferroviaire a réussi à maintenir son activité à 60%, et s’est montré essentiel pour l’approvisionnement du pays. Mais la situation financière de Fret SNCF s’est elle aussi dégradée, et les pertes pourraient atteindre entre 600 et 700 millions d’euros.
Sans aides de l’État, sans plan de relance conséquent qui passerait par une baisse généralisée des péages (compensée à SNCF Réseau) ou un soutien actif à la politique du wagon isolé – autres propositions que nous portons – le fret ferroviaire est condamné à se réduire à la portion congrue, faisant la part belle à la concurrence et abandonné par un état sans vision prospective et stratégique en matière de logistique.
Il faut s’adapter aux mutations d’une demande plus volatile et incertaine
Les mobilités sont en pleine mutation et de nouveaux comportements émergent (retour à la voiture individuelle, vélo, trottinette, VTC, covoiturage ) délaissant les modes de transports collectifs et notamment le train. Renforcées par la crise sanitaire et le développement du télétravail, les tendances existantes de baisse du nombre d’usagers pourraient remettre en cause notre modèle de transports collectifs, son équilibre économique et la place du train.
Les régions, autres grandes oubliées des plans de relance et peu prises en compte dans la loi d’orientation des mobilités (LOM ) subissent elles aussi de très importantes pertes de recettes alors qu’elles ont la charge des politiques de mobilités dans les territoires.
Sans aides ni vision d’un État-stratège pour repenser et rénover notre modèle de transport public collectif, en lien étroit avec les Régions, la France ne pourra respecter ses engagements en matière de transition écologique.
Enfin, sans aides de l’État, l’entreprise publique sera contrainte à une cure d’austérité réduisant ses investissements de manière irréversible. Ce ne sera bon ni pour la transition énergétique, ni pour les territoires, ni pour l’emploi des cheminots exemplaires dans cette crise, ni pour les usagers des transports, à commencer par les plus modestes. Or, si le budget rectificatif, présenté en Conseil des ministres, comportent des mesures de soutien conséquentes à certains secteurs (l’aérien, l’aéronautique, l’automobile…), force est de constater que le ferroviaire est le grand oublié !
La situation exige pourtant un volontarisme politique ferme en faveur du ferroviaire pour répondre à la triple urgence écologique, sociale et territoriale. Nous continuerons à mener ce combat et à être force de propositions pour être à la hauteur des défis du XXIe siècle.
Claude Berit-Debat, Patrick Kanner, Olivier Jacquin, Joël Bigot, Nicole Bonnefoy, Michel Dagbert, Martine Filleul, Hervé Gillé, Jean-Michel Houllegatte, Angèle Préville, Nelly Tocqueville
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